Natura, un plaidoyer scientifique

Le 8 octobre dernier, nous avons eu le plaisir d’accueillir Pascale d’Erm, journaliste, auteure et réalisatrice de NATURA, un magnifique documentaire qui retrace les récits des chercheurs ayant démontré les extraordinaires pouvoirs de la Nature sur le corps et l’esprit humains.  

Plus qu’un documentaire, il s’agit d’un véritable plaidoyer pour inciter les citoyens, les collectivités, les institutions et les entreprises à remettre la Nature au coeur de nos villes…et de nos vies !

« Intuitivement, nous savons que notre sentiment de bien-être est plus grand lorsque nous effectuons une marche en montagne, une promenade dans un parc ou quelques pas dans la garrigue. » raconte Pascale d’Erm dans son livre Natura, qu’elle a écrit en parallèle de la réalisation du documentaire. Depuis le début des années 2000, les études démontrant les bienfaits thérapeutiques de la Nature sur la santé de l’Homme ne cessent de proliférer dans le milieu scientifique. Médecin immunologiste, agronome, chercheur en psychologie environnementale, architecte…des experts de différentes disciplines ont suivi cette intuition et ont mené des travaux sur le rapport entre les mécanismes de la Nature et les réactions corporelles et comportementales des humains.

Vous reprendrez bien un peu de vitamine G ?

L’ expérience de nature produit des effets réels et rapides sur la plupart de nos paramètres physiologiques : une immersion dans un environnement naturel, même brève et en milieu urbain, rebooste notre système immunitaire, réduit considérablement notre niveau de stress et de fatigue, permet d’atteindre un meilleur équilibre émotionnel, et enfin restaure nos capacités cognitives – mémoire, attention, acuité des sens.

L’intuition selon laquelle la Nature nous régénère et améliore notre bien-être est ancrée en chacun de nous, mais l’accélération des modes de vie urbain, et les problèmes urgents de la vie de tous les jours nous rattrapent bien souvent et relèguent ce besoin au second plan. 

Selon plusieurs études mentionnées par Pascale d’Erm dans son livre, « la fascination douce » – cet état de flow et de connexion profonde avec soi-même que l’on ressent au contact de la Nature – calmerait la zone de notre cerveau liée à l’anxiété et à la fatigue mentale. 

En effet, des chercheurs de Palo Alto ont comparé les résultats d’IRM réalisés sur deux groupes de bénévoles : les uns effectuant une marche en forêt, les seconds errant dans les rues bruyantes de Palo Alto. Les résultats sont sans appel : une marche en forêt de 90 minutes réduit considérablement le taux de cortisol, et calme la partie du cerveau liée aux pensées ruminatoires, tandis qu’une marche en ville n’a aucune incidence sur cette zone. 

Plus loin encore, des études prouvent que lorsqu’on vit et travaille en milieu urbain, notre amygdale, centre de nos émotions et perceptions, est en constante hyperactivité : sollicitée en permanence, cette zone du cerveau perçoit les stimuli comme des agressions extérieures, ce qui augmente le sentiment de stress et d’anxiété. 

Depuis le début des années 2000, le taux de maladies chroniques physiques et mentales a explosé, notamment en Europe et en Amérique du Nord.

« Les troubles d’anxiété de la population urbaine ont augmenté de 30 à 40%, et les risques de schizophrénie sont deux fois plus élevés en ville qu’à la campagne » (Pascale d’Erm).

Le déracinement des populations par rapport à leur terre d’origine, leur rupture avec le Vivant, la pression liée au culte de la performance, l’hyperconnectivité omniprésente, davantage présents en milieu urbain, ont accéléré ce processus.

Qu’est-ce que ces recherches, ces preuves irréfutables des bienfaits de la Nature sur notre santé, viennent nous dire ?

Pour reprendre les mots de Pascale d’Erm, « ces découvertes vont révolutionner notre approche de la santé, de la médecine, et notre rapport au monde vivant ». 

Applications et Diffusion 

Imaginez la portée du phénomène si le secteur de la santé publique, de l’éducation et de l’urbanisme s’emparaient du sujet et mettaient la Nature au coeur de leurs actions. 

La végétalisation des hôpitaux et centres de soin – les fameux healing garden évoqués par Pascale D’ERM – la construction de bâtiments éco-conçus intégrant des espaces verts, l’intégration de la nature dans les pédagogies éducatives…autant de mesures qui amélioreraient le bien-être des citoyens, réduiraient leur état de stress, de fatigue, empêcheraient l’apparition de maladies, voire même favoriseraient la guérison de certaines pathologies, et enfin, constitueraient un cadre sain et épanouissant pour l’éducation des enfants. 

Ce dernier point est crucial : de nombreuses recherches montrent que l’ « expérience de nature » chez les enfants produit d’incroyables effets sur le développement de leurs capacités cognitives, leur construction identitaire et favorise une bonne estime de soi. Dans les écoles qui offrent un accès facile aux parcs et jardins, les enfants obtiennent de meilleurs résultats, sont davantage concentrés, plus épanouis et plus attentifs à l’autre. 

L’expérience de nature agissant de manière positive sur nos humeurs et sur notre équilibre émotionnel, elle est d’autant plus nécessaire dans les quartiers « chauds » où la violence est accrue. Favorisant l’empathie et l’esprit de coopération, elle constitue une solution encore trop sous-estimée pour résoudre les problématiques de justice sociale. 

Vous l’aurez compris : les vertus de la Nature comme vecteur de cohésion sociale, et d’harmonie intérieure, sont très riches et procurent des ressources illimitées. 

Natura, un livre à lire absolument, un documentaire à regarder sans modération, et à diffuser le plus largement possible autour de soi !

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