Quelles clés pour activer les talents des personnes immigrées et réfugiées ?
La question migratoire est un sujet complexe, car elle touche aux sphères les plus sensibles de notre société, à savoir la politique, l’économie et les droits de l’Homme. La multiplicité des enjeux et des intérêts face à la gestion des flux migratoires est telle, qu’elle nécessite un arbitrage permanent entre la capacité d’accueil de chaque pays, les moyens politiques mis en oeuvre pour accueillir et intégrer les populations immigrées et les implications éthiques qu’un tel sujet représente. L’accueil et l’intégration des personnes immigrées et réfugiées est un enjeu de société important, et représente une richesse inestimable tant pour le pays d’accueil que les nouveaux arrivants, lorsque les conditions sont réunies.
Des entrepreneurs, associations, et particuliers croient profondément en la richesse de l’interculturalité, et en ont fait le coeur de leur activité. Accompagner les personnes réfugiées et immigrées pour activer leurs talents, les aider à prendre confiance en eux, à rebondir, à s’adapter et surtout, à trouver la voie dans laquelle ils vont s’épanouir.
Quelles clés pour activer les talents des personnes immigrées ou réfugiées ?
C’est tout le sujet de cet article.
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Les tendances migratoires actuelles et à venir : mise en perspective
Il est difficile aujourd’hui d’évaluer les tendances migratoires à l’échelle mondiale, et les causes des migrations restent floues. D’une part, on note une baisse des migrations humanitaires depuis 2 ans dans les pays de l’OCDE, de l’autre, on constate qu’un nombre élevé de migrants déjà présents dans leur pays d’accueil souhaitent renouveler leur visa temporaire (OCDE, Perspectives des migrations internationales, 2019). Les chiffres n’en restent pas moins alarmants : en 2018, 37 000 personnes seraient déplacées chaque jour, et 300 000 personnes qui obtiennent le statut de réfugié en Europe par an.
En parallèle, chercheurs, spécialistes en prospective et géopolitique s’accordent à dire que les flux migratoires sont susceptibles d’augmenter dans la prochaine décennie, pour de nombreux facteurs, y compris le durcissement des conflits géopolitiques, la crise climatique mais aussi des perspectives de mobilité professionnelle plus attrayantes.
Un phénomène dont il est encore difficile de mesurer les conséquences sur les flux migratoires, c’est la crise climatique, « susceptible de modifier considérablement la distribution de la population » (Dina Ionesco, directrice de la division Migration, environnement et changements climatiques).
L’Atlas des migrations internationales, qui donne des exemples remontant à 45 000 ans, montre que les changements environnementaux et les catastrophes naturelles ont joué un rôle majeur dans la répartition de la population sur notre planète, à travers l’histoire.
La Banque Mondiale aurait présenté des projections selon lesquelles 143 millions de personnes migreront d’ici 2050 dans trois régions du monde, si les activités humaines continuent de générer autant de CO2, d’épuiser les ressources, et d’éroder les territoires. Dans le pire des scénarii, des communautés entières devront être relocalisées, accueillies et intégrées.
Que les enjeux soient présents ou futurs, il est devenu urgent de repenser la question migratoire avec un oeil nouveau, et de le vivre non plus comme une fatalité, ou une option, mais bien comme un réservoir d’opportunités nouvelles et un potentiel de mixité des savoirs, des compétences, des connaissances et des savoir-être.
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« Accueillir dignement, c’est investir pour l’avenir »
Jeudi 16 janvier dernier, l’équipe des Connecteurs Ticket for Change de Saint-Germain-en-Laye a organisé au Quai des possibles une table ronde sur la thématique de l’Immigration et de l’Empowerment, en présence de Jana El-Assaad, Responsable Communication et Marketing chez Wintegreat, Donia Souad, co-fondatrice de la startup Meet my Mama et Sina Josheni, Responsable du programme d’incubation La Ruche Montreuil
Les trois intervenants travaillent pour une entreprise sociale, ou association, dont la mission principale est d’accompagner les personne immigrées et réfugiées vers le développement de leur potentiel, la réflexion et la construction de leur projet professionnel. Wintegreat propose un accompagnement personnalisé aux personnes réfugiées afin de les aider à trouver la voie dans laquelle ils pourront s’épanouir, Meet my Mama forme les femmes qui le veulent à devenir traiteur et faire découvrir leurs spécialités culinaires aux entreprises, et la Ruche Montreuil accompagne les personnes réfugiées dans le lancement de leur entreprise. Trois projets qui valorisent le savoir-faire des migrants, et les aide à transformer leur potentiel en projet professionnel.
« Aujourd’hui, les entreprises ont bien compris l’immense valeur ajoutée de la diversité culturelle au sein d’un groupe, notamment des personnes réfugiées. Leur résilience et leur capacité à s’adapter sont un atout précieux pour les entreprises en pleine transformation. » s’exprime Jana, responsable communication chez Wintegreat. Les chocs et difficultés auxquels ont parfois été confrontés ces populations, qui ont dû quitter leur milieu d’origine pour redémarrer leur vie à zéro, est une grande richesse pour les entreprises en termes de productivité et de capacité d’innovation. »
Ce à quoi Donia, co-fondatrice de Meet my Mama, a répondu « En effet, les entreprises comprennent et tiennent de plus en plus compte des problématiques sociétales actuelles. Nombre d’entre elles cherchent à avoir une démarche plus inclusive, plus responsable, et à s’ouvrir à d’autres cultures et horizons. Lorsque nos Mamas cuisinent leurs spécialités pour des comités d’entreprise, par exemple, elles racontent en même temps leur histoire, partagent des anecdotes sur leur culture d’origine, faisant ainsi vivre un véritable voyage aux participants et un élargissement de leur vision. »
Les entreprises ne sont pas seulement bénéficiaires des services proposées par les migrants ou personnes réfugiées, elles font partie de l’écosystème mis en place par Meet my Mama, La Ruche Montreuil et Wintegreat pour accompagner ces personnes dans le développement de leur projet.
Jana insiste bien sur cette notion : « chez Wintegreat, le programme d’accompagnement des réfugiés s’inscrit dans un véritable écosystème d’acteurs. Hébergé dans les grandes écoles, l’accompagnement se fait d’une part par les étudiants, d’autre part par des bénévoles extérieurs. En parallèle, nous avons mis en place une solution technologique permettant aux entreprises de recruter directement les talents venus d’ailleurs : c’est le projet Wero. «
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Empowerment & Migration féminine
Parmi les réfugiés ayant trouvé un emploi, 19% sont des femmes et 53% sont des hommes. Plafond de verre, croyances limitantes, pression familiale, difficultés à conjuguer vie familiale et vie professionnelle…les obstacles sont nombreux.
« C’est encore plus flagrant dans le cas de l’entrepreneuriat. » selon Sina, de La Ruche Montreuil.
D’après le rapport 2017 du Laboratoire de l’Egalité et de l’APCE, seulement 1 entreprise sur 3 est fondée par une femme. Il s’agit donc d’une problématique qui s’étend à l’ensemble des femmes, mais dans le cas des femmes réfugiées, les contraintes sont encore plus pesantes.
D’où la mission de Meet my Mama de redonner le pouvoir aux femmes, en leur donnant les outils pour qu’elles puissent valoriser leurs talents culinaires.
« Il y a encore du chemin à faire pour que les femmes réfugiées n’aient pas peur de se lancer dans l’entrepreneuriat. Cela prend du temps mais nous avons confiance : dans la promo d’entrepreneurs de cette année, sur 12 personnes, nous avons une femme. Nous espérons en accompagner davantage dans les années à venir ! »